Muriel Welby-Gieusse, Virginie Woisard-Bassols, Elie Serrano
Unité de la voix et de la déglutition, Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale, Hôpital Larrey, Toulouse
art.medecine@free.fr
Problématique
Le reflux gastro-œsophagien est responsable de symptômes ORL et en particulier de dysphonie. Nous avons étudié le lien de causalité entre la dysphonie et le reflux. La recherche de la prévalence du reflux gastro-œsophagien (RGO), dans une population de patients dysphoniques, a été réalisée à l’aide d’une enquête clinique et laryngoscopique.
But
Nous avons cherché à déterminer la prévalence du reflux dans une population de patients dysphoniques. Dans ce cadre, nous nous sommes intéressés aux manifestations cliniques et laryngées du RGO. Il s’agit d’une étude prospective réalisée auprès d’une population de patients issus de la consultation de la voix et de la déglutition.
Méthode
La population examinée est issue d’un service phoniatrique tout venant. Les patients dont le motif de consultation est la présence d’une dysphonie et dont l’examen laryngé est de qualité suffisante ont été inclus de façon successive. Le recueil de la symptomatologie digestive du reflux a été réalisée par questionnaire. La relecture des laryngoscopies a été réalisée systématiquement pour chaque patient par un jury comprenant trois laryngologistes issus de centres de formation différents. Les échelles d’interprétation utilisées ont permis l’analyse progressive de 175 examens vidéo laryngostroboscopiques.
Résultats
A l’issue de la première série de 50 lectures, la concordance est insatisfaisante. Le jury est inhomogène sur l’ensemble des items, il est conservé jusqu’à la fin des investigations. Les vidéos sont relues et scorées par chaque membre à 2 reprises afin de statuer sur la reproductibilité intra individuelle. La cotation de la totalité des patients reçus en consultation et dont les examens laryngés étaient exploitables (175 vidéos) ont été relus à distance, par chaque membre du jury, de façon indépendante les uns des autres, en une seule fois. Toutefois, l’utilisation d’une nouvelle grille de 6 items, choisie par l’ensemble du jury a été proposée. Les recherches de corrélation statistique entre le pyrosis, représentant le diagnostic de RGO, et les signes laryngoscopiques montrent qu’il n’y a aucune association significative quelque soit l’observateur. Considérant le pyrosis présent plus d’une fois par semaine comme symptôme représentatif du reflux pathologique, nous obtenons une prévalence clinique de 31% dans notre population de patients dysphoniques.
Conclusion
Dans cette étude prospective, nous avons mis en évidence que la laryngoscopie n’est pas un outil diagnostique performant, car il est opérateur dépendant (mauvaise concordance). Le diagnostic de RGO pathologique, face à des symptômes vocaux, est retenu lorsqu’il existe des signes cliniques digestifs associés (pyrosis présent plus d’une fois par semaine).