Virginie Woisard*, R. Espesser, Alain Ghio**, N. Nguyen
* Unité de la voix et de la déglutition, Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale, Hôpital Larrey, Toulouse
** Laboratoire Parole et Langage Aix en Provence
woisard.v@chu-toulouse.fr
Dans les dysarthries cérébelleuses, la perte de la précision des mouvements articulatoires de la parole induit une dysrégulation temporelle avec un allongement irrégulier des durées contribuant globalement au ralentissement du débit de la parole. Celui-ci est associé à une exagération (amplification) des mouvements d’articulation, les lieux d’articulation sont relativement bien conservés. Ainsi, nous supposons que les distorsions du signal de parole sont largement influencées par le ralentissement et que la correction de ce ralentissement peut améliorer l’intelligibilité.
Méthode
Deux patientes avec une dysarthrie ataxique ont été incluses. L’intelligibilité de la parole a été évaluée par la méthode des stimuli constants, associée à une tâche d’identification d’un phonème cible en temps réel. La compression temporelle des stimuli est obtenue par l’algorithme SOLA. Le degré de compression a été déterminé pour chaque phrase par la durée moyenne de la phrase mesurée chez quatre sujets témoins.
Un total de 144 stimuli a été créé à trois vitesses différentes : 48 phrases à “ vitesse naturelle ” (sans compression), : 48 phrases à “ vitesse intermédiaire ” (50% de la vitesse maximale), et 48 phrases à “ vitesse maximale ” (vitesse moyenne des locuteurs témoins).
Les 144 phrases, dans les trois présentations expérimentales ont été réparties en trois listes, chaque auditeur entendant une seule fois chaque phrase. Chaque liste est testée par huit auditeurs. Les phrases sont présentées dans un ordre randomisé. Statistiquement, les erreurs et les délais de réaction sont analysés globalement, pour chaque patient et pour chaque phonème.
Résultats
Aucun effet de l’accélération n’est mis en évidence sur la population globale. Mais, il y a une différence statistiquement significative entre les deux patientes (p= 0,0001). Pour l’une, les erreurs sont moins fréquentes avec la compression, sans effet sur le temps de réaction (p=0,038). Cet effet est plus important pour le phonème cible [s]. Pour l’autre, l’effet est significatif pour le temps de réaction avec le phonème cible [t] à la vitesse intermédiaire (p=0.03).
Discussion
La différence entre les deux locuteurs est principalement liée à la sévérité de la dysarthrie et à l’étiologie du syndrome cérébelleux. Concernant le phonème cible, les effets variables de la vitesse en fonction de la catégorie des phonèmes permettent d’expliquer les résultats. Ainsi, il est difficile de déterminer quel est le meilleur degré de compression pour optimiser l’effet.
Conclusion
Cette étude est la première à analyser l’effet d’une compression temporelle uniforme sur de la parole pathologique. Dans les dysarthries ataxiques, l’intelligibilité de la parole est améliorée avec des différences en fonction du locuteur et du phonème cible.
(L’auteur a refusé la mise en ligne de sa présentation)