ETUDE DE LA PRESSION SOUS-GLOTTIQUE LORS DES EXERCICES VOCAUX A LA PAILLE

Benoit Amy De La Breteque1, Leslie Akl2,Thierry Legou3, Renaud Garrel4, Antoine Giovanni1,

1. Université de la Méditerranée, 2. Université St-Joseph, Beyrouth, 3. Laboratoire Parole et Langage, CNRS, Aix-en-Provence, 4. Université de Montpellier

benoit.amydelabreteque@laposte.net

Objectifs :

Les exercices de sonorisation au travers d’une paille sont employés dans la méthode de rééducation vocale dite “méthode de la paille”. Ils visent à faire vibrer les cordes vocales de façon opposée à la phonation pressée, défaut habituel dans les dysphonies dysfonctionnelles, tout en maintenant une expiration active, aisément contrôlée par la sensation produite par le débit de sortie surr la main. Nous avons voulu étudier le comportement des pressions sus-glottique et sous-glottique lors de l’exécution de ces exercices. Nous avons également évalué le comportement de la vibration laryngée. Nous avons effectué une comparaison avec l’émission de consonnes nasales prolongées (sur un débit d’air contrôlé), qui sont utilisées elles aussi dans cette méthode.

Méthode :

La pression sous-glottique réelle (PSGR) a été relevée directement grâce à une sonde placée dans la trachée, entre le cartilage cricoïde et le premier anneau trachéal.

Dans les sons à la paille, la pression sus-glottique a été mesurée grâce à une sonde glissée dans la commissure labiale (pression intra-orale ou PIO). Dans les consonnes nasales prolongées, elle a été mesurée par une sonde introduite par une narine (pression intra-pharyngée). Les données ont été recueillies et analysées grâce à l’appareillage EVA2 (LPL, Aix en Provence). La vibration laryngée a été étudiée par électroglottographie (EGG).

La tâche consistait à exécuter un glissando ascendant puis descendant (ou sirène) sur un ambitus de quinte, en respectant les critères d’une bonne réalisation tels qu’ils sont enseignés dans cette méthode de rééducation.

Sujet : sujet masculin, vocalement sain, entraîné et expert de la méthode.

Résultats :

Sur les extraits exécutés dans l’octave 2, la PSGR et la PIO présentent un gradient négatif d’une grandeur comparable aux valeurs habituellement admises pour le seuil de pression phonatoire (environ 5 hPa de plus pour la PSGR). L’allure de la vibration glottique se rapproche de celle d’une onde sinusoïdale, ce qui traduit un comportement laryngé de type oscillateur harmonique. Le contact entre les deux cordes vocales est donc réduit au minimum.

Les résultats dans l’octave 3 montrent un gradient de pression plus élevé, peut-être car il s’agit là d’une hauteur inhabituelle pour une voix d’homme.

Les mesures effectuées pendant l’émission d’une consonne nasale prolongée sont comparables, avec des niveaux de pression plus bas.

Conclusion :

La technique développée par la méthode de la paille s’oppose point par point à ce qu’on observe dans le forçage vocal. Elle va bien à l’encontre de l’excès de serrage glottique. Par ailleurs, le sujet devant engager la sonorisation après la mise en pression du système, il oblige ainsi ses cordes à lutter contre cette pression pour venir l’une vers l’autre. La musculature d’adduction cordale est alors activement sollicitée. On peut donc considérer que ces exercices sont non-agressifs pour le bord libre des cordes vocales mais aussi, en fonction de la pression requise, dynamisants sur le plan musculaire.

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