François Le Huche, Paris
flehuche@orange.fr
La notion de trimodalité du comportement phonatoire humain distinguant la voix d’expression simple, la voix dite projetée (mieux nommée à mon avis voix implicatrice) et la voix d’insistance (ou de détresse) permet de fournir une compréhension plus plausible du cercle vicieux du forçage vocal.
On peut considérer en effet que ce cercle vicieux résulte sous l’effet de certains facteurs déclenchants, du remplacement en situation d’implication vocale, du mécanisme de la voix implicatrice (dite projetée) par celui de la voix d’insistance qui utilise le souffle vertébral comme en témoigne la projection du visage vers l’avant et la perte de la verticalité corporelle.
Le mécanisme de la voix d’insistance intervient normalement en cas de difficultés affectant la communication, quelle qu’en soit la cause. Bien que physiologiquement normal, son usage ne saurait cependant être prolongé sans fatigue et dommage pour l’organe vocal, au delà de deux ou trois dizaines de minutes. Sa prolongation, (sous l’influence de divers facteurs favorisants dont la liste est bien connue !), risque d’enclencher le cercle vicieux en question du fait de la sensation de difficulté croissante – phonatoire cette fois – éprouvée par le sujet, orientant celui-ci vers l’emploi de plus en plus marqué de ce mécanisme fatigable et fatigant de la voix d’insistance
Cette théorisation de la genèse du cercle vicieux du forçage vocal permet d’améliorer grandement la prise en charge thérapeutique des dysphonies quelle qu’en soit l’origine.
La trimodalité du comportement phonatoire humain s’impose en fait à la simple observation objective de la mécanique normale et pathologique du souffle phonatoire. Sa validation expérimentale actuellement en cours, sera cependant, la bienvenue.
Par ailleurs, le remplacement à mon avis souhaitable, du terme voix projetée par celui de voix implicatrice serait à discuter au sein de notre société.