CHEZ DES LOCUTEURS SOUFFRANTS DE PARALYSIE RECURRENTIELLES APRES UNE OPERATION DE LA THYROÏDE
Camille Fauth1,Béatrice Vaxelaire1, Jean-François Rodier2, Pierre-Philippe Volkmar2, Fayssal Bouarourou1, Fabrice Hirsch3, Rudolph Sock1
1 Université de Strasbourg, Institut de Phonétique de Strasbourg – France – IPS & U.R. 1339 Linguistique, Langues et Parole – LilPa, E.R. Parole et Cognition
2 Centre Paul Strauss – Strasbourg – France, Département de Chirurgie Oncologique, Centre Régional de Lutte Contre le Cancer
3 Université Paul Valéry – Montpellier III, Praxiling UMR 5267, CNRS, et Institut de Phonétique de Strasbourg – France – IPS & U.R. 1339
camille.fauth@gmail.com
L’objectif de ce travail, mené en partenariat avec le Département de chirurgie oncologique du Centre Paul Strauss, est d’évaluer les conséquences d’une chirurgie thyroïdienne sur la voix des patients afin de déceler les différentes perturbations entrainées par cette opération chirurgicale et de mettre au jour les possibles réajustements ou stratégies de compensation que le patient peut mettre en place seul ou à l’aide d’une rééducation orthophonique (étude longitudinale).
Plus précisément, il s’agit d’analyser les caractéristiques spectrales de la voix de patients souffrant de paralysies récurrentielles suite à une opération de la thyroïde. Cette étude s’inscrit prend place parmi d’autres conduites actuellement sur l’analyse spatio-temporelle de voix pathologiques.
Méthode : Pour ce faire, notre méthode consiste à enregistrer des patients ayant été opérés dès la phase post-opératoire 2 (soit 15 jours après l’intervention chirurgicale) et à raison d’une fois par mois pendant toute la durée de leur rééducation orthophonique.
Le corpus, répété 10fois, est composé des 3 voyelles extrêmes de l’espace vocalique /i, a, u/, produites de manière soutenue (environ 3 secondes).
Ces voyelles ont donné lieu à des mesures formantiques, ce qui a permis de quantifier l’espace vocalique maximal. En outre, elles ont permis d’effectuer des relevés de fréquence fondamentale ainsi que des mesures de perturbation du signal, telles que le jitter et le HNR (Harmonics-to-Noise-Ratio).
Actuellement, 7 locuteurs (5 femmes et 2 hommes) âgés de 50 à 70 ans ont été enregistrés. Le diagnostic ORL de chacun d’eux a révélé une paralysie ou une parésie de l’un des plis vocaux, et leur voix a été jugée de légèrement altérée à très sévèrement altérée. Leurs mesures sont comparées à celles de locuteurs contrôle (LC), appariés en genre et en âge.
Résultats : Comme attendu, les résultats préliminaires montrent une modification significative de l’espace vocalique, soit une altération des mesures de fréquence fondamentale, de HNR et de jitter entre les différentes phases d’enregistrement, avec une tendance à l’amélioration au cours du temps. Notons enfin que les productions en phases post-opératoires se caractérisent par une très forte variabilité qui a toutefois tendance à diminuer avec le temps.