CHEZ LE JEUNE SOURD
Ludmila Fiol1, Gabriel Rousteau2
1. Orthophoniste, Rennes
2. Phoniatre, CHU Nantes
ludmila.fiol@gmail.com
Notre étude porte sur la reconnaissance des émotions par des enfants et adolescents déficients auditifs (sujets âgés de 10 à 20 ans), au moyen de la prosodie. En effet, la prosodie permet un accès direct aux émotions d’autrui pour celui qui perçoit bien les variations acoustiques qui la constituent. Cette capacité, naturellement, ne va pas de soi dans le cadre de la déficience auditive. C’est pourquoi nous avons souhaité évaluer la perception de la prosodie à travers la reconnaissance de quatre émotions fondamentales (la colère, la joie, la peur et la tristesse) et la mettre en parallèle avec les capacités de perception auditive de nos sujets dans le domaine musical. La prosodie, en tant que « chant de la parole », nous semble en effet se rapprocher beaucoup de la musique. Nous avons donc élaboré un premier test évaluant la reconnaissance auditive des émotions au moyen de trois procédés visant à écarter la variable sémantique. Puis, un second test évaluait les compétences perceptives musicales, au travers de la perception de la hauteur, de l’intensité, du timbre et du tempo. Il résulte de cette double évaluation une corrélation entre les compétences perceptives musicales des sujets évalués et leur niveau de reconnaissance des émotions à partir de la prosodie. Nous remarquons d’autre part, à l’occasion de cette évaluation, que le niveau de reconnaissance auditive des émotions de nos sujets est associé non pas à l’âge comme on aurait pu l’attendre, mais très nettement au degré de surdité. Les compétences perceptives musicales, elles, augmentent avec l’âge, ce qui suggère un apprentissage. Cette donnée supplémentaire invite à travailler plus particulièrement, auprès des enfants sourds, sur la perception de ces paramètres musicaux.