J-P Marie, N Bon Mardion, A Mayeur, Ph Brami, P Magnier, E Vérin.
Service ORL et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Rouen, UPRES EA 3830 GRHV, IRIB Université de Rouen.
jean-paul.marie@chu-rouen.fr
Objectifs: Dans les paralysies laryngées unilatérales, les techniques conventionnelles de médialisation cordale permettent une correction de la dysphonie et des fausses routes initiales. Mais ce résultat est parfois incomplet ou se dégrade avec le temps, du fait de la résorption du matériel utilisé ou de l’atrophie des muscles laryngés. La réinnervation (non sélective) permet de résoudre ce problème. Nous rapportons notre expérience et celle de la littérature, en faisant une place particulière aux indications portées chez l’enfant.
Matériels et Méthodes : Etude prospective de patients ayant bénéficié entre 1998 et 2012 d’une réinnervation laryngée unilatérale pour paralysie récurrentielle ou du nerf vague. Technique utilisée : anastomose de la branche descendante du nerf hypoglosse au tronc du nerf récurrent, complétée par une médialisation graisseuse, ou anastomose vago-vagale avec interposition. Evaluation pré et post-opératoire des paramètres vocaux, cliniques et informatiques, et de l’EMG laryngée.
Résultats : 23 patients adultes ont été opérés. La paralysie laryngée était la séquelle d’une lésion de la base du crâne (n=2), d’une thyroidectomie (n=9), d’une section du nerf vague au cou (n=2) ou d’une chirurgie thoracique (n=9). La réinnervation était réalisée en première intention, ou après échec d’autres techniques de réhabilitation (médialisation endoscopique ou thyroplastie, n=6). Tous les patients ont un recul supérieur à 6 mois. Les paramètres vocaux sont améliorés après un délai de 4 à 6 mois nécessaires à la repousse axonale, et deviennent comparables à ceux d’une voix normale. L’examen laryngé montre une amélioration de la trophicité cordale, sans récupération de sa mobilité. L’EMG laryngée prouve la réinnervation et son origine. Ces résultats sont améliorés au cours du temps (recul de 3 à 5 ans pour quelques patients).
Conclusions : Applicable dans presque toutes les situations de dénervation laryngée unilatérale, y compris cicatricielles, la réinnervation permet la restitution d’une trophicité cordale, gage d’une excellente récupération vocale et de sa pérennité. Les résultats sont meilleurs que ceux obtenus après thyroplastie dans notre expérience mais une étude comparative reste à réaliser.