LORS D’EXERCICES VOCAUX AVEC CONSTRICTION
Camille Robieux, Antoine Giovanni
Laboratoire Parole et Langage, Aix-en-Provence – CHU Timone, Marseille
AntoineJoseph.GIOVANNI@ap-hm.fr
Introduction : de nombreux exercices de rééducation vocale reposent sur l’utilisation de constrictions du tractus vocal (CTV) créant une résistance en aval des cordes vocales et permettant ainsi d’augmenter la pression intra-orale (PIOe) et la pression sous-glottique (PSGe). L’augmentation des pressions est supposée maintenir un gradient de pression transglottique (GPTGe) proche de la pression sous-glottique au seuil (PSGs). Une hiérarchisation des CTV en fonction de la PSGe induite a été proposée par Titze sur la base d’estimations. Dans cette étude, nous souhaitons, vérifier cette hiérarchisation et l’hypothèse d’un GPTGe proche de la PSGs grâce à des mesures directes.
Méthode : deux sujets sains féminins ont produit trois essais de voyelles ouvertes /a/ à intensité usuelle puis au seuil phonatoire pour quatre notes (Fa2, La2, Do#3, Mi3). Ils ont ensuite produit trois essais d’exercices vocaux avec CTV (pailles fines, pailles moyennes, pailles larges, consonnes constrictives, trilles, consonnes nasales et voyelles fermées) pour chaque note. La consigne des exercices vocaux était de commencer par instaurer un débit d’air constant puis de produire le son sans interrompre ou modifier ce débit. La pression sous-glottique usuelle (PSGu), la PSGs ainsi que la PSGe et la PIOe lors de la réalisation des exercices ont été mesurés. Le GPTGe a été calculé comme la différence entre PSGe et PIOe.
Résultats : la PSGu (moyenne : 6,5 hPa) et la PSGs (moyenne : 3,3 hPa) des sujets correspondent à la norme. La PSGe induite par les CTV varie selon les sujets entre 3,6 et 18,6 hPa en moyenne. Le GPTGe lors de la réalisation des exercices varie selon les sujets entre 2,7 et 4,9 hPa en moyenne et atteint 6,8 hPa chez un des sujets pour la consonne constrictive /ʒ/.
Discussion : une partie de la hiérarchisation proposée par Titze a été validée : les CTV sont hiérarchisés du plus grand au plus petit effet sur la PSG comme suit : pailles fines, consonnes constrictives, consonnes nasales, voyelles fermées). Pour tous les exercices, le GPTGe reste proche de la PSGs. Les valeurs anormalement élevées de GPTGe observées pour la consonne constrictive /ʒ/ peuvent être dues à une configuration articulatoire particulière entrainant un manque de résistance articulatoire et donc une PIOe égale à la pression atmosphérique. Les différences de PSGe induites par les CTV observées entre les deux sujets peuvent également reposer sur des différences de débits d’air ou sur des différences de résistances laryngées.
Conclusion : l’utilisation des CTV dans les exercices de rééducation vocale semble permettre la mobilisation de différentes PSGe sans risques de lésions pour les cordes vocales.
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