Version révisée du « Frenchay Dysarthria Assessment » (FDA-2)
Blanc Emilie, Giusti Laurence, Ghio Alain, Pinto Serge
Université d’Aix-Marseille, CNRS, Laboratoire Parole et Langage,
Ecole d’orthophonie de Marseille
L’intelligibilité de la parole se définit comme le degré de précision avec lequel un message est compris par un auditeur. A ce titre, la perte d’intelligibilité représente souvent la plainte essentielle des patients dysarthriques, puisqu’elle engendre une diminution de la qualité de vie au niveau communicationnel. Plusieurs outils existent actuellement pour évaluer l’intelligibilité. En France, la Batterie d’Evaluation Clinique de la Dysarthrie (Auzou et Rolland-Monnoury, 2006) est l’outil standardisé le plus fréquemment utilisé pour évaluer la dysarthrie dans son ensemble. On retrouve dans cette batterie un test d’intelligibilité, qui est directement adapté d’un test anglo-saxon, celui inclus dans le Frenchay Dysarthria Assessment (Enderby, 1983). Une nouvelle version de ce test anglo-saxon est maintenant disponible (FDA-2, Enderby et Palmer, 2008). Jusqu’à présent aucune adaptation française n’a été effectuée.
Le but de ce travail a été d’adapter ce test d’intelligibilité à la langue française. La première étape a consisté en la création d’un nouveau corpus de mots et de phrases, en s’appuyant des critères définis dans le FDA-2. Nous avons notamment contrôlé :
(1) la fréquence des mots (supérieure à 10 apparitions par million de mots),
(2) la place des consonnes en position initiale, médiane et finale,
(3) la structure phonotactique des mots cibles
Dans un deuxième temps, le test a été validé auprès de sujets sains, grâce à l’enregistrement de cinquante locuteurs qui ont fourni les stimuli pour un jury d’écoute composé de dix-huit auditeurs. Afin de démontrer que le test est sensible à la dégradation du signal de parole, chaque item (mot ou phrase) a été présenté avec et sans bruit.
Les résultats montrent que le test est valide pour les sujets sains car le score d’intelligibilité est de 96% en condition normale. La sensibilité à la dégradation est aussi observée dans la mesure où les scores sont significativement abaissés pour les stimuli dégradés par du bruit (score de 54 % en moyenne). Divers effets relatif à la longueur et structure des mots ont été analysés, ce qui nous conduit à diverses recommandations quant à l’utilisation du test en situation clinique.
L’étude doit maintenant se poursuivre avec une validation du test auprès de patients dysarthriques. Il pourrait aussi être utile dans d’autres situations de troubles de la parole comme en cancérologie ORL.