A.Lagier1, M. Vaugoyeau2, T. Legou3, A. Ghio3, B. Amy de la Bretèque1,
Ch. Assaiante2, A. Giovanni3
1 Fédération ORL CHU Timone, AP-HM, Marseille
2 Laboratoire de neurosciences intégratives et adaptatives, CNRS Marseille, U. de Provence
3 Laboratoire Parole et Langage, CNRS Aix en Provence, Université de Provence
aude.lagier@ap-hm.fr
Introduction
La voix chuchotée est caractérisée par la production d’un bruit laryngé intelligible en l’absence de vibration des cordes vocales. Nombre de cliniciens déconseillent l’usage de la vois chuchotée lors des périodes de repos vocal. Deux types de voix chuchotée ont été décrits dans la littérature : la voix chuchotée « silencieuse » et la voix chuchotée « forcée ». Notre hypothèse de travail est que la voix chuchotée « forcée » présente des similitudes avec l’effort vocal proprement dit.
Matériels et méthodes
i) La première expérimentation concerne la pression sous-glottique réelle. Deux hommes ne présentant aucune pathologie vocale ou auditive, et appartenant aux auteurs, y ont participé. La pression sous-glottique réelle était recueillie par l’intermédiaire d’un cathéter placé à travers la membrane crico-trachéale. Le signal électroglottographique et les paramètres acoustiques objectifs étaient également recueillis grâce à la station EVA®.
ii) La seconde étude expérimentale a analysé le comportement vocal et postural de 20 femmes de 20 à 43 ans indemnes de problèmes posturaux, vocaux ou auditifs, en condition de voix chuchotée. Les modifications posturales segmentaires ont été enregistrées par un système numérique infrarouge 3D et d’analyse du mouvement (système SMART®). Le signal électroglottographique et les paramètres acoustiques objectifs étaient également recueillis grâce à la station EVA®.
Résultats
i) Electroglottographie : Aucune onde électroglottographique n’a été mise en évidence au cours de la production de voix chuchotée, dans les deux expérimentations.
Intensité vocale : Dans les deux expériences, l’intensité de la voix chuchotée est plus faible que celle de la voix parlée (p<0.0001). L’intensité de la voix chuchotée « silencieuse » est également plus faible que celle de la voix chuchotée « forcée » dans la première expérimentation.
ii) Pression sous-glottique (expérience 1) : la pression sous-glottique augmente significativement entre les conditions de voix chuchotée silencieuse, voix parlée, voix chuchotée forcée (p<0.0001).
iii) Analyse cinématique : les mouvements du tronc dans le plan sagittal (flexion vers l’avant) sont significativement plus importants au cours de la production de voix chuchotée qu’au cours de la voix parlée (p<0.001).
Conclusion
Ces deux expériences confirment l’hypothèse de départ. Il existe des similitudes entre l’effort vocal et la voix chuchotée dite forcée. La voix chuchotée « silencieuse » par contre ne présentait pas ces caractéristiques. Ainsi, l’usage de la voix chuchotée forcée doit être formellement déconseillé au cours des périodes de repos vocal, afin que le patient n’acquière pas et ne pérennise pas un comportement de forçage vocal.
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