Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel
Enseignante à Paris III , Paris VI et Paris VII
Pfau@gmail.com
L’alternance son-silence est le paradigme fondamental de la parole. Le flux verbal est une alternance de groupes de mots et de pauses. Ces segments de parole sont des phonèmes, des sons organisés autour d’un noyau de sens. On les appelle d’un mot anglais « chunk » qui veut dire bribe, segment, morceau. Typiquement, un chunk, au sens phonétique du terme, consiste en un mot à fort contenu sémantique entouré d’une constellation de mots-outils s’installant dans un espace formaté.
Le chunking de la parole est avant tout perceptif. C’est l’interlocuteur qui va découper la parole en groupes rythmiques, ce qui lui permettra d’en extraire l’information. Que se passe t il dans le bégaiement ? cela coupe où ça ne fait pas de sens. Ce que le bégaiement va faire à la parole de la personne bègue c’est d’éclater ces gabarits, ce qui empêche l’auditeur de bien comprendre ce que cette parole mal morcelée voulait véhiculer comme sens.
Le chunk est à l’interface entre production et compréhension de la parole. Pour l’interlocuteur le chunking perceptif est conforme à la capacité de la mémoire à court terme. Pour mieux retenir on morcelle l’information entrante en chunks souvent de trois à quatre digits. On va ainsi séparer les groupes de chiffres d’un numéro de téléphone pour mieux le retenir. C’est bien un chunking d’entrée (Gilbert 2012).
L’équipe canadienne de Victor Boucher et Annie Gilbert a pu mettre en évidence que ce découpage d’entrée chez celui qui écoute se fait selon le rythme de certaines ondes cérébrales (Beta et Theta) et que l’activité corticale (cognitive) est en phase avec ce prédécoupage que fait l’auditeur.
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